Ce vendredi soir, le sous-préfet Jean-Daniel Montet-Jourdran a dirigé une opération de contrôle de pass sanitaire "pédagogique" dans le 5e arrondissement de Lyon. L’ambiance était festive dans la rue Saint-Jean. Des musiciens accompagnaient les touristes qui battaient le pavé en cette chaude soirée estivale. Les terrasses des bars et restaurants n’étaient pas pleines, mais la joie et la bonne humeur des présents comblaient l’espace vide.
Et soudainement, aux alentours de 22h, une équipe d’une dizaine de policiers débarque dans la rue pour contrôler inopinément clients et restaurateurs. "L’objectif de cette opération est de voir comment les choses se passent, comment les gérants s’organisent, avoir un échange constructif avec eux", assure Jean-Daniel Montet-Jourdran. Car la "semaine de rodage" ne prendra fin que lundi et les sanctions ne sont pas encore à l’ordre du jour.
Les choses se passent bien pour la visite du premier établissement, la brasserie Gabriel. Le patron discute longuement avec le sous-préfet et les deux personnages semblent apprendre l’un de l’autre. "J’avais des doutes, mais très sincèrement, ça se passe bien", déclare le professionnel qui a chargé un employé de contrôler les pass à l’entrée du restaurant. Ce dernier a "vraiment envie de tout faire pour sortir de cette crise".
Ses clients sont eux aussi contrôlés pour la première fois. Les policiers vont de table en table pour scanner les QR codes et vérifier l’identité des propriétaires. En cinq secondes chrono, l’affaire est pliée et les gens peuvent retourner à leur diner. "C’est un peu angoissant mais ça va, c’est normal et il faut le faire pour s’en sortir", témoigne un groupe de consommateurs, tous en règle. "On sait s’adapter pour faire de la pédagogie et les gens sont compréhensifs", salue un membre des forces de l’ordre.
Même déroulé pour la visite du second établissement. Un client, bien qu’un peu éméché, avoue même que les contrôles "font du bien, on se sent plus en sécurité et on a moins peur d’attraper le Covid". Jean-Daniel Montet-Jourdran prend aussi la température auprès des policiers. Tous ont la volonté d’optimiser le système.
"On aime avoir de l'intimité quand on est à table"
Les minutes passent, tout comme les contrôles qui se déroulent sans accroc. Un client en train de manger interpelle la presse pour y aller de son témoignage. "Le fait de présenter mon pass sanitaire au restaurateur ne me dérange absolument pas. Mais je trouve les contrôles de police un peu intrusifs. On aime avoir de l’intimité quand on est à table", déplore-t-il.
L’opération est presque terminée et il faut avouer que c’est une réussite. Tout le monde est en règle. Un dernier restaurateur semble un peu dérangé. "On s’y attendait. On applique la consigne parce qu’on n'a pas le choix mais ça nous fait une vraie surcharge de travail. Et c’est d’autant plus difficile à gérer qu’on manque de personnel : beaucoup ont quitté la profession à cause du Covid", s’attriste-t-il.
Il est presque 23h et la police s’apprête à quitter les lieux. L’occasion pour le sous-préfet Montet-Jourdran de rappeler que le rodage se termine lundi. Dès la semaine prochaine, la présentation d’un pass frauduleux (emprunté à un tiers) sera passible d'une amende initiale de 135 euros, allant jusqu’à 3750 euros en cas de récidives rapprochées. Pour les restaurateurs qui ne joueraient pas le jeu, les forces de l’ordre éditeront en premier lieu une mise en demeure pour qu’il se conforme à la loi. S’il ne le fait pas, il risque un an d’emprisonnement et 9000 euros d’amende.
L.M.